L’enlèvement de Claudia, une ressortissante suisse de 67 ans, à Agadez, dans le nord du Niger, dimanche soir, soulève des inquiétudes sur la présence et les activités des groupes jihadistes dans la région. Selon plusieurs experts interrogés par l’AFP, la piste jihadiste semble être la plus probable dans ce rapt, qui s’inscrit dans une série de kidnappings récemment survenus dans le Sahel, notamment dans des zones sous influence des groupes affiliés à l’État islamique (EI) ou à Al-Qaïda.
Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel, explique que le mode opératoire observé lors de l’enlèvement de Claudia rappelle fortement celui des précédents kidnappings dans la région. « Des inconnus surgissent, enlèvent l’otage, la mettent dans un véhicule et s’éloignent rapidement », souligne-t-il. Ce mode opératoire laisse penser qu’il pourrait s’agir de groupes intermédiaires qui revendent ensuite les otages à des groupes jihadistes, notamment l’État islamique, ou de cellules terroristes infiltrant directement les villes pour procéder aux enlèvements.
Assim Nasr, chercheur au Soufan Center et spécialiste des mouvements jihadistes, rappelle que l’État islamique a fait « une sorte d’appel d’offres » pour l’enlèvement d’Occidentaux. Bien que la région d’Agadez ne soit pas sous l’influence directe de l’EI, il est probable que des sous-traitants locaux ou des groupes criminels aient agi pour le compte de ces organisations terroristes.Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a nié toute implication dans les enlèvements récents, précisant qu’il n’enlevait plus de ressortissants occidentaux depuis la libération, en février 2024, de trois Italiens enlevés au Mali en 2022.
L’enlèvement de Claudia soulève également des questions sur la sécurité à Agadez, une ville garnison récemment devenue plus vulnérable après le retrait de la base de drones américaine, qui assurait une surveillance aérienne de la région. Selon Wassim Nasr, « l’absence de surveillance efficace depuis le départ des Américains a ouvert la voie à plus de liberté d’action pour les groupes jihadistes ».
Les autorités militaires nigériennes, qui ont pris le pouvoir après un coup d’État en 2021, ont récemment exigé le départ des forces américaines. Depuis ce retrait, la ville d’Agadez et ses environs sont devenus des zones sensibles, échappant à un contrôle strict et laissant la place à des groupes armés qui continuent de déstabiliser la région.
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