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États-Unis : L’administration Trump gèle 2,2 milliards de dollars de subventions à Harvard sur fond de tensions liées à Gaza

Le gel par l’administration Trump de 2,2 milliards de dollars de subventions à l’université de Harvard n’est pas qu’une mesure budgétaire. C’est un signal politique clair : la Maison Blanche entend désormais dicter la ligne idéologique des campus. Une rupture frontale avec l’autonomie académique et une mise en garde adressée à toutes les institutions qui refuseraient de se plier à la nouvelle orthodoxie conservatrice sur Gaza, l’antisémitisme et la diversité.

Harvard, comme d’autres grandes universités américaines, est devenue ces derniers mois un épicentre de la mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza. Des manifestations, parfois vives, mais relevant de la liberté d’expression constitutionnellement garantie. Pourtant, c’est au nom de la lutte contre l’antisémitisme que l’administration Trump justifie aujourd’hui ses sanctions, accusant Harvard de ne pas « protéger » ses étudiants juifs – sans jamais démontrer qu’il y aurait eu tolérance institutionnelle à l’égard de propos haineux.

Derrière cette posture, se dessine une autre réalité : une volonté assumée de purger les universités américaines de ce que le pouvoir considère comme des dérives « woke », anti-israéliennes ou trop tolérantes envers les voix dissidentes. En exigeant la suppression de politiques de diversité, la révision des programmes sur le Moyen-Orient ou encore un audit des opinions du corps enseignant, la Maison Blanche franchit une ligne rouge : celle qui sépare le financement public d’un contrôle politique direct.Harvard a eu le courage de dire non. Dans un rare acte de fermeté, son président Alan Garber a affirmé que l’université n’abdiquerait ni son indépendance intellectuelle ni les libertés garanties par le Premier amendement.

Une position qui rappelle que la mission des universités est de former des esprits critiques, pas de se conformer aux humeurs du pouvoir.
Columbia, de son côté, a choisi la voie de la concession, allant jusqu’à créer un service d’ordre doté de pouvoirs d’arrestation. L’exemple est glaçant : on peut sauver ses subventions, à condition d’accepter une surveillance idéologique.

Ce climat a des conséquences humaines. Des étudiants engagés dans les mouvements pro-palestiniens sont désormais interpellés, menacés d’expulsion, voire privés de leur droit à la naturalisation. L’arrestation de Mohsen Mahdawi, réfugié palestinien et étudiant exemplaire, en est le triste symbole. Selon les observateurs et analystes internationaux, ce qui se joue ici dépasse Harvard. Il s’agit du rapport entre savoir et pouvoir, entre démocratie et autoritarisme. Si la Maison Blanche réussit à museler la contestation sur les campus, c’est toute une génération de voix critiques qu’elle réduira au silence. Et l’Amérique ne sera plus tout à fait la même.

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