C’est une page de l’histoire gabonaise qui se tourne. Pour la première fois en 56 ans, le nom Bongo n’apparaissait sur aucun bulletin de vote à l’élection présidentielle. Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste devenu président de la transition, a remporté le scrutin avec une majorité écrasante de 90,35 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés dimanche par le ministère de l’Intérieur.Le scrutin du samedi 12 avril, qui a vu près de 920 000 électeurs appelés aux urnes, marque le retour à un régime constitutionnel après 19 mois de transition militaire.
Le taux de participation s’élève à 70,4 %, témoignant d’un regain d’intérêt pour la politique nationale, notamment chez les jeunes électeurs, nombreux à voter pour la première fois.Face à lui, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze n’a récolté que 3,02 % des suffrages. Les six autres candidats réunissent moins de 1 %, confirmant la domination politique d’Oligui Nguema, déjà bien implanté depuis son coup d’État du 30 août 2023 contre Ali Bongo Ondimba.
Malgré une campagne marquée par des déséquilibres en termes de moyens et d’exposition médiatique, les autorités assurent que le scrutin s’est déroulé dans le calme et la transparence. Le dépouillement, désormais numérisé, a commencé immédiatement après la fermeture des bureaux de vote. Dans les quartiers de Libreville, comme à l’école Martine Oulabou, des citoyens ont assisté en nombre au dépouillement, signe d’un engouement populaire et d’un désir de rupture avec les pratiques opaques du passé.
Les regards tournés vers l’avenir
Des critiques ont émergé sur le terrain : certains candidats ont dénoncé un accès limité de leurs représentants à certains bureaux de vote. D’autres pointent le nombre élevé de cartes d’électeurs non retirées, potentiellement sources de fraude. La société civile, cependant, a salué la fluidité du processus, malgré quelques incidents isolés rapidement résolus.Les candidats disposent de huit jours pour déposer des recours devant la Cour constitutionnelle. En attendant, les regards sont tournés vers l’avenir. Brice Oligui Nguema, réélu avec une légitimité populaire forte, est attendu sur les promesses de réformes, de transparence et de développement.
L’euphorie post-électorale pourrait-elle marquer le début d’une nouvelle ère politique au Gabon ? Les prochains mois diront si la rupture est réelle ou si le pays retombe dans ses vieux travers.
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