La guerre en Ukraine connaît un nouveau rebondissement diplomatique. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé, mardi 8 avril, que deux soldats chinois combattant dans les rangs russes ont été capturés par son armée dans la région de Donetsk, à l’est du pays. Une révélation appuyée par une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, et qui vient directement remettre en cause la neutralité affichée par Pékin depuis le début du conflit.Dans son message publié sur X, le président ukrainien indique que les deux prisonniers sont actuellement détenus par les services de sécurité.
« Des enquêtes et opérations sont en cours », a-t-il précisé, ajoutant que les forces ukrainiennes avaient retrouvé sur eux des documents d’identité, des cartes bancaires et d’autres données personnelles confirmant leur origine chinoise.Zelensky ne s’arrête pas à ces deux cas isolés. Il affirme disposer d’informations faisant état d’une présence plus large de citoyens chinois au sein des unités russes. Lors d’une conférence de presse tenue plus tard dans la journée, il a évoqué un affrontement ayant impliqué six soldats chinois dans les environs du village de Bilogorivka, dans l’oblast de Lougansk.
Des images diffusées par Kiev montrent l’un des hommes capturés, vêtu d’un treillis, les mains liées. S’il communique principalement par onomatopées, il est entendu prononcer le mot « commandant » en anglais, laissant peu de doute sur son engagement dans un combat armé.
Kiev hausse le ton face à Pékin
Ces éléments ont conduit Kiev à exiger des explications immédiates de la part de la Chine. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires chinois à Kiev, tandis que le président Zelensky a demandé à son ministre des Affaires étrangères de prendre contact avec Pékin sans délai.
« Il s’agit d’un fait grave. Cela remet en cause la position officielle de la Chine en faveur de la paix », a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriy Sybiga, sur X. Le même diplomate a dénoncé une implication « directe ou indirecte » de Pékin dans la guerre, estimant que la présence de ses ressortissants sur le champ de bataille aux côtés des Russes constitue un signal préoccupant.Depuis le début du conflit en février 2022, la Chine tente de maintenir une posture d’équilibre : alliée stratégique et partenaire économique de la Russie, Pékin a évité toute livraison d’armes létales tout en soutenant discrètement l’économie russe. Mais cette capture vient ternir cette prudente neutralité.
« La Chine ne fournit pas d’armes à la Russie, ça, même les Américains le reconnaissent. Mais elle soutient son économie », rappelait récemment Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Ifri. La présence de citoyens chinois dans l’armée d’invasion pourrait dès lors franchir une ligne rouge aux yeux de la communauté internationale.Les alliés de l’Ukraine ont commencé à réagir. Les États-Unis ont qualifié l’affaire de « troublante ». Tammy Bruce, porte-parole du département d’État, a rappelé que « la Chine reste l’un des principaux soutiens de la Russie dans cette guerre », et que cet épisode soulève des questions sérieuses sur l’implication réelle de Pékin.
Volodymyr Zelensky appelle désormais à une réaction internationale claire. « Il faut une réponse des États-Unis, de l’Europe, et de tous ceux qui veulent la paix », a-t-il martelé, jugeant que Vladimir Poutine cherchait par tous les moyens à prolonger le conflit.
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