Le 7 avril 2025, la Banque centrale de Libye a annoncé une réduction de 13,3 % du taux de change du dinar libyen, le fixant désormais à 5,57 dinars pour un dollar américain. Cette décision intervient dans un contexte économique difficile, marqué par des hausses des dépenses publiques et une demande croissante en devises étrangères.
Le gouverneur de la Banque centrale, Naji Issa, a justifié cette révision comme une mesure nécessaire pour maintenir l’équilibre économique du pays, soulignant qu’il n’y avait pas de progrès significatifs pour unifier les budgets des gouvernements de l’est et de l’ouest du pays. Selon lui, l’absence de coordination entre ces entités gouvernementales alimente les déséquilibres financiers et aggrave la situation économique.Les dépenses publiques libyennes pour l’année 2024 sont estimées à 224 milliards de dinars, tandis que les revenus ne devraient atteindre que 136 milliards de dinars, créant ainsi un déficit important.
Ce déséquilibre financier a généré une forte demande en devises étrangères, estimée à 36 milliards de dollars. Cela a exacerbé l’écart entre l’offre et la demande sur le marché des changes, mettant une pression supplémentaire sur la valeur du dinar. Au premier trimestre 2025, le pays a dépensé 9,8 milliards de dollars en devises, contre seulement 5,2 milliards de dollars de recettes, générant un déficit de 4,6 milliards de dollars.
Cette situation souligne les défis énormes auxquels la Libye est confrontée, notamment la chute des recettes d’exportation pétrolières, qui ont diminué à 18,6 milliards de dollars, alors que les dépenses liées à l’importation de biens et services se chiffrent à 27 milliards de dollars.La dette publique libyenne a atteint un niveau inquiétant de 270 milliards de dinars et pourrait grimper à 330 milliards de dinars d’ici la fin de l’année 2025 si la situation continue de se détériorer.
Cette montée de la dette est jugée « très dangereuse et insoutenable » par le gouverneur de la Banque centrale, avec des conséquences graves pour l’économie à long terme.Pour tenter de réduire l’écart entre l’offre et la demande de devises, la Banque centrale a été contrainte de puiser dans ses réserves de change. Actuellement, les réserves de la Banque centrale dépassent 94 milliards de dollars, dont 84 milliards de dollars sont directement gérés par l’institution.
Toutefois, cette solution reste temporaire et ne fait que retarder les effets d’une crise économique plus profonde. Sur le marché parallèle, la situation est encore plus critique. La valeur du dinar libyen a chuté de manière drastique, atteignant 17,11 dinars pour un dollar, tandis que le taux officiel demeure stable à 4,83 dinars. Cette différence montre l’ampleur de la crise de confiance qui touche l’économie libyenne et l’incertitude qui pèse sur la stabilité monétaire du pays.
Le gouverneur Naji Issa a également souligné la nécessité urgente d’une unification des dépenses publiques et d’une gestion plus rigoureuse des finances publiques. La fin des divisions politiques et institutionnelles reste cruciale pour la stabilité économique du pays. Il a insisté sur le fait que la production pétrolière, qui représente une grande part des revenus du pays, doit être maintenue à des niveaux suffisants pour éviter d’aggraver davantage la situation.
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