Le procès de deux hommes accusés de sorcellerie en Zambie suscite une forte attention, mettant en lumière les tensions entre les traditions culturelles locales et le cadre juridique hérité de la colonisation. Les accusés sont jugés pour avoir prétendument utilisé des rituels magiques pour tenter de nuire au président Hakainde Hichilema.
Ce procès soulève la question de la pertinence d’une loi de 1914 criminalisant la sorcellerie dans un pays où, selon une étude de 2018, 79 % des Zambiens croient en ces pratiques. Gankhanani Moyo, maître de conférences à l’Université de Zambie, critique cette législation qu’il considère inadaptée à la culture locale. En effet, de nombreux Zambiens recourent encore aux tribunaux traditionnels pour régler de telles accusations, mais prouver la sorcellerie dans un tribunal moderne reste difficile.
Ce procès prend également une dimension politique, certains observateurs suspectant une manœuvre du gouvernement pour affaiblir l’opposition avant les élections. La décision de suspendre la retransmission télévisée de l’audience alimente encore ces spéculations.Parallèlement, la sorcellerie est devenue une industrie florissante.
Des guérisseurs traditionnels, tels que Rodwell Vongo, président de l’Association zambienne des guérisseurs traditionnels, affirment que ces croyances ne se limitent pas aux zones rurales, mais qu’elles sont également courantes dans les classes moyennes urbaines.Ce procès soulève une question fondamentale : la Zambie doit-elle réformer son cadre juridique pour mieux refléter ses réalités culturelles et sociales, ou conserver une loi coloniale devenue obsolète ?
Laisser un commentaire