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Sanctions contre Kabarebe : Kigali réagit, le M23 intensifie son offensive en RDC

Kigali a vivement réagi après que le gouvernement américain a imposé des sanctions contre le général James Kabarebe, ancien chef d’état-major des forces armées rwandaises et bras droit du président Paul Kagame. Le Rwanda a qualifié ces sanctions d’« injustifiées et infondées », soulignant qu’elles ne contribuaient en rien à la sécurité, à la paix, et à la stabilité à long terme dans la région des Grands Lacs.

Les sanctions américaines interviennent dans un contexte particulièrement tendu, alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, poursuivent leur avancée en République Démocratique du Congo (RDC). Leur prise de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, le 16 février 2025, a marqué un tournant décisif dans leur offensive.

La violence qui accompagne cette avancée plonge la population dans une grande terreur, et des milliers de familles se retrouvent en situation de précarité extrême, sans nouvelles de leurs proches soldats et sans aucune forme d’aide.Les familles des soldats congolais, notamment leurs épouses et enfants, sont parmi les premières victimes de cette escalade. Contraintes de fuir les zones de combat, elles se retrouvent désormais réfugiées dans des écoles et d’autres lieux précaires. À Goma, l’école primaire Furaha accueille des dizaines de ces familles, qui y vivent dans des conditions déplorables.

Francine Nkanga, l’épouse d’un soldat congolais, raconte : « Nous vivions dans le camp de Katindo. Quand les nouveaux soldats sont arrivés, ils nous ont dit que nos maris étaient leurs ennemis et nous ont poussées à partir. Nous n’avions nulle part où aller, c’est pourquoi nous sommes ici, à l’école Furaha. La vie est très dure, nos enfants pleurent de faim. »Les familles des soldats manquent non seulement de ressources, mais aussi de toute nouvelle concernant le sort de leurs proches partis défendre le pays.

Cette absence de communication les plonge dans une angoisse constante.L’école primaire Furaha, déjà saturée par l’afflux de familles, ne parvient pas à fonctionner normalement. Le directeur, Buhuma Hangi, explique : « Le gouvernement local nous a demandé de rouvrir l’école, mais nous ne pouvons pas.

Les salles de classe sont occupées par les familles des soldats. »Les conditions de vie dans ces refuges sont particulièrement difficiles. Les enfants, privés d’école, sont en proie à des maladies, et beaucoup de familles n’ont aucun moyen de se procurer de la nourriture ou des soins médicaux.

Les sanctions américaines et leur Impact sur la diplomatie

Les sanctions contre le général Kabarebe, responsables de la gestion des revenus provenant des exportations de minerais du Congo, interviennent dans un contexte où le Rwanda est accusé de soutenir le M23, un groupe rebelle qui opère dans l’Est de la RDC. Le gouvernement congolais, après l’avancée des rebelles, voit ces sanctions comme un signal positif, mais aussi comme un premier pas vers des mesures plus sévères contre Kigali. Kinshasa exige des sanctions internationales plus fortes et plus concrètes.

Pour Kigali, cette mesure est perçue comme une tentative de déstabiliser davantage la région. En réaction, les autorités rwandaises insistent sur le fait que les actions de leur pays visent à apporter la stabilité et non à alimenter la violence.

Le gouvernement rwandais met également en avant le fait que le M23 est une organisation qui défend des intérêts légitimes liés aux Tutsis congolais de l’Est du pays. Au milieu de ce contexte tendu, l’ONU continue de plaider pour une désescalade de la violence. Bintou Keita, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en RDC, a de nouveau appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la fin des hostilités de la part du M23. Elle insiste sur le fait que « la solution à ce conflit ne peut pas être militaire. »

Le dialogue entre les parties reste difficile

L’ONU appelle également le Rwanda à cesser son soutien au M23 et à respecter l’intégrité territoriale de la RDC, conformément aux accords de paix régionaux. Toutefois, dans un contexte où le M23 a récemment conquis des villes stratégiques comme Goma et Bukavu, l’issue du conflit semble incertaine.Les attaques incessantes des rebelles du M23 ont engendré une crise humanitaire de grande ampleur.

Plus de 1 400 personnes ont demandé la protection de la MONUSCO, la mission de maintien de la paix de l’ONU, lors de la chute de Goma. L’appel à la paix est plus urgent que jamais, mais le dialogue entre les parties reste difficile.Le gouvernement congolais continue de considérer tout dialogue avec le M23 comme une ligne rouge. Les rebelles, pour leur part, ne cachent pas leurs ambitions de prendre le contrôle total du pays, avec un objectif ultime : s’imposer à Kinshasa.

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