Un Premier ministre qui refuse de vivre à Matignon, c’est une décision rare. François Bayrou a confié dans une interview au Parisien, samedi 8 février, qu’il avait fait le choix de ne pas emménager à l’adresse traditionnelle du Premier ministre, rue de Varenne. « J’habite toujours chez moi. Je ne suis pas fait pour vivre dans un palais », a affirmé celui qui est aussi maire de Pau.
« Les palais sont mortels et vous coupent du monde. Vous ne regardez plus les choses de la même façon quand vous êtes servi. Ce n’est pas la vie », a ajouté François Bayrou. Le néo-Premier ministre a souligné ses racines modestes : « D’où je viens, il n’y avait pas de serviteur, pas de palais, pas de sous. J’habite toujours le village où je suis né. Je n’ai jamais oublié la base », a-t-il précisé, évoquant Bordères, une petite commune des Pyrénées-Atlantiques de moins de 700 habitants, où il est né et où son père a été maire pendant plusieurs années.
François Bayrou, qui a pris la succession de Michel Barnier en tant que Premier ministre en décembre dernier, a fait le choix de rester maire de Pau, un geste rare dans la politique française. Cela faisait 30 ans qu’un cas similaire ne s’était pas présenté. À l’époque, il avait justifié sa position en expliquant qu’il fallait « ré-enraciner les responsabilités politiques, dans les villages, les quartiers, les villes ». Il avait également évoqué une « rupture entre la base de la société française et les milieux de pouvoir », et un « mur de verre » qui nourrit une « profonde défiance » à l’égard du monde politique.
Bien que la loi ne prohibe pas le cumul des mandats de maire et de ministre, le choix de François Bayrou a cependant suscité des critiques. Pourtant, en 2007, il avait été le seul candidat à la présidentielle à réclamer la fin du cumul entre un mandat de maire et une fonction de parlementaire.
Après avoir réussi à échapper aux motions de censure déposées par La France insoumise sur les textes budgétaires, François Bayrou a obtenu le soutien tacite du Parti socialiste et du Rassemblement national. Un exploit là où son prédécesseur, Michel Barnier, avait échoué. « En sortant de l’impasse budgétaire, on a installé le camp de base. Maintenant, il faut se lancer à l’attaque des huit sommets de l’Himalaya », a-t-il déclaré récemment, conscient des difficultés à venir, notamment en raison de l’absence de majorité à l’Assemblée nationale.
Si François Bayrou prévoit de lancer de grands chantiers pour les mois à venir, il pourrait vite se heurter à la réalité de l’Hémicycle, comme l’a souligné Édouard Philippe. « Nous soutenons le gouvernement, mais sans illusion, malheureusement, sur le fait que nous ne ferons rien de décisif dans les deux ans qui viennent », avait-il déclaré fin janvier, provoquant l’agacement du Premier ministre. « L’idée que nous sommes condamnés à l’impuissance est pour moi antinationale », a répliqué François Bayrou dans La Tribune, dimanche dernier.
Une position qui soulève des questions sur la capacité de l’exécutif à mener des réformes ambitieuses à court terme. Pour certains membres du bloc central, il manque une légitimité démocratique et un exécutif fort, deux conditions nécessaires à de grandes réformes, qui semblent aujourd’hui faire défaut.
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