Le samedi 17 août 2024, la conférence publique annuelle sur le culte Oro a eu lieu à lrédé City, Sakété, attirant l’attention des habitants et des chercheurs sur les traditions entourant cet événement sacré. L’initiative, dirigée par le ministre des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, a été l’occasion de discuter en profondeur des pratiques liées à ce culte, en particulier l’enfermement des femmes, une pratique qui suscite un débat considérable. Ulrich Otégbéyé, enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi, a éclairé les participants sur les raisons et les significations des différentes phases des fermetures diurnes observées pendant le culte Oro.
Selon lui, ces restrictions sont mises en place pour purifier la communauté et rétablir l’harmonie sociale. Cependant, l’enfermement des femmes pendant cette période a suscité des interrogations spécifiques.Otégbéyé a expliqué que les fermetures se décomposent en trois phases : d’abord, le nettoyage des rues et l’embellissement du village ; ensuite, les cérémonies de purification incluant l’abattage d’arbres associés à des forces maléfiques ; et enfin, la finalisation des actions non achevées lors des phases précédentes.
C’est au cours de ces périodes que les femmes sont confinées, une pratique qui peut sembler déconnectée des objectifs de purification annoncés.
Pour comprendre cette pratique, le conférencier a partagé une légende historique qui éclaire cette tradition. Il a relaté l’histoire d’une femme du roi d’Oyo capturée par un gorille. Après une confrontation où la femme utilise une ruse pour s’échapper, elle donne naissance à un fils fort et vigoureux. Le manque de rites funéraires appropriés pour le père du roi entraîna la décadence du royaume, et la découverte des restes du gorille conduit à l’instauration de la tradition d’enfermer les femmes pendant le culte.
Sous un angle féministe, cette tradition soulève des questions importantes sur les droits et la place des femmes dans les pratiques culturelles. Tandis que le culte Oro vise à restaurer l’ordre et la pureté au sein de la communauté, l’enfermement des femmes impose des restrictions significatives à leur liberté. Cette pratique invite à une réflexion critique sur l’impact des traditions ancestrales sur la vie des femmes aujourd’hui et sur les moyens de concilier respect des traditions et droits individuels.
La conférence de Sakété a ainsi fourni une plateforme pour discuter de ces enjeux et examiner comment les pratiques du culte Oro peuvent être réévaluées afin de mieux respecter les libertés et les droits des femmes tout en préservant les aspects essentiels de la culture et des rituels ancestraux.
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