Longtemps considérés comme des bastions stables face à l’insécurité régionale, le Sénégal et la Mauritanie sont désormais dans le viseur du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale coalition djihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda. C’est l’alerte lancée par le dernier rapport du Timbuktu Institute, publié le 28 avril, qui documente une progression stratégique du groupe dans la région des trois frontières Mali–Mauritanie–Sénégal.
Depuis 2021, le GSIM utilise la région de Kayes, au sud-ouest du Mali, comme base arrière pour intensifier ses attaques. En trois ans, ses actions violentes y ont été multipliées par sept, visant postes de sécurité, convois, et infrastructures routières menant vers Bamako, la Mauritanie et l’est du Sénégal. L’objectif est clair : désorganiser les routes d’approvisionnement, affaiblir les États concernés, et installer des réseaux économiques capables de financer ses opérations.
Le rapport souligne une stratégie d’expansion par le bas : infiltration des circuits informels (trafic, vol de bétail, contrebande), appui sur les liens interethniques, et exploitation des inégalités sociales dans des zones marginalisées. Dans ce contexte, le GSIM tente de s’implanter à la frontière sénégalaise, sans avoir encore réussi à franchir un seuil critique.Selon Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, la résilience communautaire, la cohésion sociale et la modération religieuse du Sénégal restent des remparts solides.
Mais la menace est réelle : « Le groupe teste le terrain, consolide des réseaux économiques transfrontaliers, et pourrait chercher à élargir sa zone de contrôle territorial dans le futur. »Alors que les groupes djihadistes étendent leur influence vers les États côtiers, la sécurité du Sahel occidental pourrait devenir l’un des nouveaux fronts les plus critiques d’Afrique de l’Ouest. Une course contre la montre est engagée pour renforcer les États avant que les fissures locales ne deviennent des brèches.
Laisser un commentaire