L’Afrique, avec plus de 272 millions de catholiques, est en pleine effervescence religieuse, en particulier au sein de l’Église catholique. En 2024, le continent est devenu un terrain de croissance rapide pour la religion, avec un nombre impressionnant de conversions, dont sept millions de nouveaux catholiques en un an, selon les données du Vatican.
Cette tendance en fait un acteur clé dans l’avenir de l’Église catholique mondiale, alors que le nombre de croyants dans d’autres régions du monde est en déclin ou reste stable. Le pape François, qui a multiplié les visites en Afrique, témoigne de l’intérêt croissant du Vatican pour ce continent. Durant son pontificat, il a visité cinq fois l’Afrique, plaidant pour la paix et la réconciliation, notamment au Soudan du Sud en 2023. Il a également fait en sorte que l’Afrique soit représentée à la tête de l’Église avec la nomination de 19 cardinaux africains, renforçant ainsi la présence de l’Église sur le continent.
Cependant, malgré cette attention particulière, aucun cardinal africain n’est encore à la tête d’un dicastère du Vatican, une situation qui soulève des questions sur la représentation de l’Afrique au sein de la hiérarchie de l’Église catholique. L’influence de l’Église catholique en Afrique va bien au-delà du domaine spirituel. Grâce à son réseau Caritas, l’Église joue un rôle majeur dans l’éducation, la santé, et l’aide humanitaire.
En 2024, 27,2 millions d’enfants sont inscrits dans les écoles catholiques africaines, dont une majorité dans les écoles primaires. Les missions catholiques contribuent également à la lutte contre des crises sanitaires telles que le VIH ou l’Ebola. Cette présence sur le terrain est une des raisons pour lesquelles l’Église est profondément enracinée dans les sociétés africaines, et cela contribue à l’augmentation de sa popularité.
Cependant, cette montée en puissance de l’Église catholique en Afrique coïncide avec un phénomène de plus en plus important : l’essor des Églises évangéliques. Ces dernières, notamment en Afrique anglophone, connaissent une croissance rapide, avec des mégachurches attirant des milliers de fidèles chaque semaine. Leur message de prospérité et de délivrance, axé sur la foi personnelle et les miracles, séduit de plus en plus d’Africains, notamment parmi les jeunes générations.
Quid des valeurs traditionnelles africaines ?
Un autre point de tension entre l’Afrique et le Vatican concerne les questions sociales et culturelles. Les Églises catholiques africaines, majoritairement conservatrices, défendent des positions traditionnelles sur des sujets tels que le mariage, l’avortement et les droits des personnes LGBTQ+. Ces positions sont souvent en opposition avec les valeurs libérales portées par le Vatican, particulièrement en ce qui concerne la question de la bénédiction des unions homosexuelles.
En décembre 2023, la prise de position du pape François sur ce sujet a suscité des réactions vives parmi les évêques africains, qui ont fermement rejeté toute bénédiction des couples de même sexe. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a souligné que dans le contexte culturel africain, une telle décision serait perçue comme une confusion et contredirait les valeurs traditionnelles des communautés.Le rôle grandissant de l’Afrique dans l’Église catholique pourrait se traduire par une transformation à la tête de l’institution.
Le débat sur le prochain pape après François pourrait bien voir un candidat africain émerger, un événement qui constituerait une rupture historique. Des noms comme le Guinéen Robert Sarah, le Congolais Fridolin Ambongo Besungu, et le Ghanéen Peter Turkson circulent comme possibles successeurs.Un pape africain serait un symbole fort de la place de l’Afrique dans l’Église, continent dont la croissance religieuse contraste avec le déclin de la pratique catholique en Europe et en Amérique du Nord.
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