Le drame de Soumy, où 34 civils ont été tués dans une frappe russe ce week-end, a une fois de plus mis en lumière la brutalité du conflit en Ukraine. Dans la foulée, Friedrich Merz, futur chancelier allemand, a déclaré être ouvert à la livraison de missiles de croisière Taurus à l’armée ukrainienne. Ce qui, jusqu’ici, relevait du tabou sous le gouvernement d’Olaf Scholz pourrait devenir réalité. Alors que les frappes russes endeuillent une fois de plus les villes ukrainiennes, le futur chancelier Friedrich Merz s’ouvre à la livraison de missiles de croisière Taurus.
Une décision lourde de conséquences, qui marque peut-être la fin de l’ambiguïté stratégique allemande.Depuis le début de la guerre, Berlin a avancé à petits pas, entre solidarité avec Kiev et crainte permanente de franchir un seuil jugé dangereux par une partie de son opinion publique. Le chancelier sortant Scholz a toujours refusé l’envoi des missiles Taurus, redoutant que leur portée permette à l’Ukraine de frapper en profondeur le territoire russe, et donc d’impliquer directement l’Allemagne dans la guerre.Mais l’équation a changé depuis.
D’abord parce que d’autres puissances européennes, comme la France et le Royaume-Uni, livrent déjà ce type d’armement. Ensuite parce que le soutien militaire ne suffit plus à être symbolique. Beaucoup se demandent à quoi bon affirmer son appui à l’Ukraine si l’on refuse de lui fournir les moyens d’empêcher les attaques massives contre ses villes ?
Friedrich Merz, qui prendra officiellement ses fonctions le 6 mai prochain, ne ferme plus la porte à une livraison que Zelensky réclame depuis des mois. L’argument est simple : pour faire reculer la Russie, l’armée ukrainienne doit pouvoir sortir de la défensive. Cela implique de frapper les infrastructures logistiques russes, notamment la liaison terrestre avec la Crimée. En effet, le statu quo n’est plus tenable avec les nombreux morts du conflit.
En refusant d’en faire davantage, les alliés occidentaux courent le risque de laisser la Russie imposer sa logique de terreur. Et de voir l’Ukraine s’effondrer à bout de souffle.Rien n’indique pour l’instant que le revirement soit inscrit dans l’accord de coalition signé entre la CDU et le SPD. Ce basculement possible n’est pas anodin. Il dit quelque chose de l’Allemagne d’aujourd’hui : plus consciente de ses responsabilités, plus lucide face à la nature du régime de Vladimir Poutine.
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