Ce lundi 14 avril 2025, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a rouvert l’audience très attendue dans l’affaire dite « Frère HOUNVI », impliquant Steeve Zountidé Amoussou, accusé d’être derrière l’avatar controversé. Trois chefs d’accusation pèsent sur lui : harcèlement par voie électronique, incitation à la publication de fausses nouvelles et provocation directe à la rébellion.
Dès l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense ont multiplié les interventions pour contester la procédure et l’identité réelle de leur client. L’un d’eux s’interroge : « Est-ce le peuple béninois qui a porté plainte ou le garde des Sceaux ? », en référence à l’article 550 du Code du numérique. Selon lui, l’identité de la victime dans le volet cyberharcèlement n’a jamais été clairement établie. Il demande à la cour de révéler le plaignant.
Sur la question de l’incitation à la rébellion, les avocats veulent savoir à qui exactement Steeve Amoussou aurait adressé un tel appel. Ils affirment que rien ne prouve que leur client soit le dénommé « Frère Hounvi » ni qu’il soit administrateur de la page ou des chroniques diffusées. « Ce qu’il a fait, c’est commenter. Ce n’est pas un crime. Où est la preuve qu’il est Frère Houvi ? », lance un avocat.Me Abalo, particulièrement engagé, invite la cour à « ne pas faire de Steeve Amoussou un bouc émissaire » : « C’est un jeune brillant, formé en Israël. Il n’est pas celui que l’on décrit ici. » Pour lui, le ministère public fait fausse route. Il appelle la cour à « la vigilance et à la conscience collective » afin de « laver l’honneur du peuple béninois » en relaxant l’accusé.
En réponse, le ministère public, représenté par Amand Donald Reagan Hounguè, reste ferme. Il affirme que Steeve Amoussou est bel et bien Frère Hounvi. Pour preuve, il évoque l’arrêt soudain des chroniques après son arrestation et une reconnaissance partielle faite devant le parquet. Il qualifie les écrits publiés de « missives à caractère corbeau », contenant insultes et propos incitant à la haine.Le procureur cite un passage évoquant feu Mathieu Kérékou et rappelle les mises en garde de figures historiques comme Monseigneur Isidore de Souza : « Qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse. » Il compare Steeve Amoussou à ceux qui appellent à la division, mais l’invite « à se repentir comme Mandela et non à suivre la voie de Thomas Sankara ».Le ministère public requiert deux ans d’emprisonnement ferme et une amende d’un million de francs CFA contre Steeve Amoussou.
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