Le capitaine Ibrahim Traoré, actuel chef de la junte militaire au Burkina Faso, a accordé la grâce à 21 soldats condamnés pour leur participation à la tentative de coup d’État de 2015. Un décret officiel, rendu public lundi, précise que ces soldats, condamnés pour leur rôle dans ce putsch avorté, bénéficieront de cette amnistie.
Depuis septembre 2022, le Burkina Faso est sous la direction d’un gouvernement militaire après un coup d’État dirigé par Traoré lui-même. En décembre 2023, le capitaine Traoré avait annoncé son intention d’offrir une « amnistie » aux personnes condamnées en lien avec la tentative de renversement du gouvernement de transition qui avait été mis en place après la chute de l’ancien président Blaise Compaoré.
Le décret, qui a été signé la semaine dernière, énumère les 21 soldats concernés, dont six officiers supérieurs et quinze sous-officiers. Ces derniers avaient été jugés en 2019 par un tribunal militaire à Ouagadougou pour des charges graves, notamment « atteinte à la sûreté de l’État », « meurtre » et « trahison ». Les principaux instigateurs du coup d’État manqué, les généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé, ne bénéficient pas de cette amnistie.
Ces deux hauts responsables du régime de Compaoré, respectivement ancien chef d’état-major particulier et ministre des Affaires étrangères, avaient été condamnés à des peines de 20 et 10 ans de prison pour leur rôle dans cette tentative de putsch. Leur dossier reste distinct de celui des 21 soldats graciés, qui ont jusqu’à juin 2025 pour solliciter leur grâce. Toutefois, cette demande de grâce ne sera accordée que si ces militaires « font preuve d’un engagement patriotique pour la reconquête du territoire » et montrent leur volonté de participer activement à la lutte contre le terrorisme, une priorité pour l’armée burkinabé depuis plusieurs années.
Le Burkina Faso est actuellement plongé dans une guerre contre des groupes extrémistes liés à Al-Qaïda et à Daesh, qui sévissent dans le pays depuis plus de 10 ans. Les 21 soldats graciés rejoindront les rangs de l’armée, bien qu’ils ne bénéficient pas de compensations financières ni de promotions de carrière à la suite de cette amnistie.Cette décision fait suite à un processus de réconciliation mené par la junte au pouvoir.
En décembre 2023, le ministère de la Justice avait annoncé que plus de 1 200 personnes condamnées en lien avec la tentative de coup d’État de 2015 seraient graciées à partir du 1er janvier 2024, dans le cadre d’une politique visant à favoriser la paix et la stabilité dans un pays frappé par des attaques djihadistes.Le coup d’État de 2015 avait été mis en échec après deux semaines de combats, faisant 14 morts et 270 blessés. Il avait été lancé par des membres de l’armée et des partisans de l’ancien président Compaoré, pour tenter de renverser le gouvernement de transition mis en place après sa chute en octobre 2014.
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