Maria Gléta : Des turbines obsolètes achetées à prix d’or, selon Yahouédéou

Le scandale de l’achat des turbines à gaz pour la centrale thermique de Maria Gléta refait surface, avec de nouvelles révélations faites par Janvier Yahouédéou, le Coordonnateur des ministres-conseillers. Invité le dimanche 30 mars 2025 sur le plateau de l’émission « Zone Franche » de la chaîne privée Canal3 Bénin, Yahouédéou est revenu sur les contours de cette affaire, qui continue de soulever des questions sur la gestion des ressources publiques.

Selon lui, l’achat des turbines LN-1500 de 10 MW, censées combler un besoin de production de 80 MW pour le pays, a été réalisé dans des conditions particulièrement douteuses. Il a expliqué que, bien qu’elles aient été officiellement présentées comme des turbines de la marque General electric, la réalité était tout autre. Ces turbines, fabriquées dans les années 1960, étaient supposées fournir une production d’électricité plus fiable et à moindre coût. Mais, selon les informations de Yahouédéou, leur acquisition s’est avérée être un échec flagrant.

Selon Janvier Yahouédéou les turbines en question ont coûté près de 45 milliards de FCFA. Cependant, il a précisé que le coût réel de ces équipements ne correspondait en rien à la somme déboursée. « Nous avons acheté huit turbines LN-1500 de 10 MW, fabriquées en 1960, à un prix bien supérieur à leur valeur réelle. Le coût de production de l’électricité avec ces turbines était de l’ordre de 280 FCFA, mais à la consommation, le prix de l’électricité ne pouvait pas être inférieur à 350 FCFA.

À l’époque, le prix du kilowatt-heure pour le consommateur final était de 105 FCFA », a-t-il expliqué. Les turbines, censées répondre aux besoins énergétiques du pays, se sont donc révélées non seulement inefficaces, mais également bien plus coûteuses que prévu. Et ce n’est pas tout : en creusant un peu plus loin, Yahouédéou a révélé que ce qui avait été acheté ne correspondait même pas à des turbines LN-1500. « Ce ne sont même pas des LN-1500.

Ce sont des moteurs J 18, issus de vieux avions militaires de la Seconde Guerre mondiale, insérés dans les turbines pour donner l’apparence de modèles modernes », a-t-il déclaré. Une véritable fraude, selon lui.

Un marché à 45 milliards FCFA : Des fonds publics gaspillés

L’acquisition des turbines, qui avait été effectuée sous le mandat de l’ex-président béninois Yayi Boni, a été réalisée à un prix faramineux, selon Yahouédéou. Bien qu’elles aient été vendues pour environ 45 milliards de FCFA, l’expert en la matière explique que leur valeur réelle avoisinait seulement 1 million de dollars (environ 600 millions FCFA) par turbine, soit un total d’environ 4 milliards de FCFA pour les huit unités.

Une fois de plus, les autorités de l’époque semblent avoir été complices de ce marché douteux, dont les conséquences sont encore visibles aujourd’hui avec une centrale inefficace et des coûts énergétiques bien plus élevés que prévu. « Yayi Boni a décidé de décaisser 45 milliards pour cette acquisition alors que la valeur réelle de ces turbines était largement inférieure », a ajouté janvier le ministre conseiller.