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Umaro Sissoco Embalo face à l’opposition en Guinée-Bissau : Le pays au bord du chaos politique après le retrait de la mission internationale

La Guinée-Bissau se trouve plongée dans une crise politique après le retrait de la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avait été envoyée pour résoudre un différend concernant la date de fin du mandat présidentiel. Ce retrait fait suite aux menaces formulées par le président Umaro Sissoco Embalo à l’encontre de la mission internationale, exacerbant les tensions dans un pays déjà fragilisé par des décennies de coups d’État et d’instabilité politique. Le principal point de friction est le différend sur la date de fin du mandat du président Embalo.

L’opposition soutient que son mandat, débuté en 2020, aurait dû prendre fin la semaine dernière, tandis que la Cour suprême du pays a statué que ce mandat se prolongerait jusqu’au 4 septembre 2025. Ce décalage a suscité une vive contestation, notamment au sein de l’opposition, qui accuse Embalo de vouloir prolonger son pouvoir indéfiniment. Face à cette crise, le gouvernement a annoncé que les élections présidentielles et législatives se tiendraient le 30 novembre 2025, une décision qui a aggravé les divisions politiques.

Ce retard dans le calendrier électoral, couplé à l’incertitude sur la fin du mandat présidentiel, plonge le pays dans une période d’instabilité politique profonde. La mission conjointe de la Cedeao et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, déployée du 21 au 28 février 2025, avait pour objectif de faciliter le dialogue entre les autorités guinéennes et l’opposition, afin de parvenir à un consensus sur la date des élections. Cependant, la mission a quitté le pays plus tôt que prévu, après avoir été confrontée aux menaces du président Embalo, qui a exprimé son mécontentement face à l’ingérence internationale.

La Cedeao , principal organe politique et économique de la région ouest-africaine, a fréquemment été sollicitée pour résoudre les conflits politiques en Afrique de l’Ouest, en particulier lorsqu’il s’agit de différends concernant les mandats présidentiels et les élections. Toutefois, la mission en Guinée-Bissau a échoué à désamorcer la crise, et son retrait a renforcé les doutes sur l’efficacité de l’intervention régionale dans la résolution de cette crise.

Des tensions croissantes et des menaces de paralysie

La situation politique en Guinée-Bissau s’est intensifiée avec l’annonce par l’opposition d’une paralysie totale du pays, soutenant que le mandat de M. Embalo se terminait le 4 février 2025. La décision de la Cour suprême, qui a prolongé ce mandat jusqu’au 4 septembre 2025, a jeté de l’huile sur le feu. Le climat de tension est accentué par la décision du gouvernement de reporter sine die les élections législatives initialement prévues pour novembre 2024. Le report a été justifié par des raisons techniques et financières, mais il n’a fait qu’ajouter de la confusion et alimenter les accusations de manipulation électorale.

La dissolution du Parlement, survenue après une fusillade entre la garde nationale et la garde présidentielle en décembre 2023, a exacerbé les tensions politiques. Cette décision a été perçue comme une tentative de réduire l’influence de l’opposition et d’accroître le contrôle présidentiel. En dissolvant le parlement, le président a provoqué un vent de réprobation, l’opposition dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir en place. Umaro Sissoco Embalo ancien général de 52 ans, a déjà survécu à deux tentatives de renversement. La dernière, en décembre 2023, a conduit à des affrontements violents qui ont failli dégénérer en un coup d’État.

À la suite de ces événements, le président a décidé de dissoudre un parlement dominé par l’opposition, l’accusant de passivité et d’obstruction. Cette décision a renforcé l’image d’un président de plus en plus autoritaire, un homme prêt à tout pour maintenir son pouvoir.

Un rapprochement avec la Russie

Sur la scène internationale, la Guinée-Bissau cherche à diversifier ses relations extérieures, notamment avec la Russie. La semaine dernière, le président Embalo a rencontré le président russe Vladimir Poutine pour discuter de liens économiques et sécuritaires. Ce rapprochement avec la Russie intervient alors que de nombreux pays africains, notamment dans la région sahélienne, se tournent de plus en plus vers Moscou en quête de partenariats dans le domaine de la sécurité, souvent au détriment des relations avec l’ancienne puissance coloniale, la France, et avec les États-Unis.

Cette nouvelle orientation géopolitique a suscité des préoccupations chez les alliés traditionnels de la Guinée-Bissau. Le soutien russe, bien que prometteur pour les questions de sécurité, pourrait accentuer l’isolement diplomatique du pays vis-à-vis de ses partenaires historiques, en particulier.

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