La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, fait face à une recrudescence du trafic illégal de fèves, malgré les efforts des autorités pour contrer ce phénomène. La campagne 2024/2025 s’annonce déjà difficile, et le pays lutte contre l’exportation illicite de cacao vers ses voisins, principalement la Guinée et le Libéria.
Le 14 janvier dernier, les autorités ivoiriennes ont marqué un point en suspendant cinq fonctionnaires de la ville frontalière de Sipilou, près de la Guinée forestière. Ces agents, un préfet, un chef du bureau des douanes, un commissaire de police, un commandant de brigade et un chef des forces armées, sont accusés d’avoir facilité le passage des cargaisons de cacao en échange de pots-de-vin, selon l’agence Reuters.
Les fonctionnaires auraient permis à des camions transportant jusqu’à 40 tonnes de cacao de traverser la frontière pour une somme moyenne de 15 millions de Fcfa par camion. Le trafic illégal représente une perte considérable pour la filière cacao, qui soutient 5 millions de personnes et représente entre 15 et 20 % du PIB ivoirien. Depuis le début de la saison 2024/2025 en octobre, entre 50 000 et 75 000 tonnes de cacao ivoirien auraient déjà été envoyées vers la Guinée et le Libéria, avec une destination finale en Asie.
Cette fuite de fèves est alimentée par des prix plus attractifs proposés par les trafiquants, qui versent un supplément de 200 à 500 Fcfa par kilogramme aux producteurs, bien au-delà du prix officiel de 1 800 Fcfa par kilogramme.Malgré les mesures prises, notamment la suspension des fonctionnaires corrompus, le trafic continue de prospérer. Dans des zones comme Sipilou, Danané, Man et Ouaninou, les autorités locales corrompues facilitent activement ce commerce illégal.
Selon Daouda Doumbia, un pisteur de cacao de la région, « tout le monde sait que des autorités locales corrompues ont facilité le trafic, mais les sommes en jeu sont trop élevées pour arrêter la fuite ». La guerre contre la contrebande s’annonce longue et difficile, et les autorités ivoiriennes devront redoubler d’efforts pour démanteler ces réseaux.
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