Revendiquée par Al-Qaïda, la double attaque de mardi contre l’école de gendarmerie et la base aérienne 101 à Bamako a causé près de 80 victimes, selon des sources militaires. Cet événement sans précédent soulève des questions sur la stratégie sécuritaire adoptée par les autorités de transition.
Deux jours après les attaques du 17 septembre, le bilan s’alourdit, avec 77 morts et 255 blessés, selon une source sécuritaire contactée par l’AFP. Le quotidien Le Soir de Bamako rapporte également les obsèques de plusieurs élèves gendarmes.
Ce raid coordonné, le premier du genre dans la capitale malienne, a été revendiqué par le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), affilié à Al-Qaïda. Ce groupe a signalé des pertes humaines et matérielles significatives, ainsi qu’un nombre d’aéronefs incendiés. L’état-major malien a reconnu « quelques pertes en vies humaines », notamment parmi les élèves gendarmes.
Cette attaque, la plus meurtrière jamais observée à Bamako, représente un coup dur pour les autorités de transition, en place depuis 2020. Celles-ci avaient mis l’accent sur la « montée en puissance de l’armée » et la « reconquête du territoire ». Le raid du Jnim souligne une vulnérabilité inquiétante dans le système de sécurité malien.
Des experts, tels que Wassim Nasr, notent que la capitale est désormais une zone propice aux jihadistes. Bien qu’il y ait eu des attaques dans le passé, celle-ci se distingue par son ampleur et sa coordination. Les précédentes attaques avaient surtout eu lieu à l’extérieur de Bamako, mais ce raid cible directement le cœur du dispositif militaire.
L’attaque a coïncidé avec des dates symboliques, comme l’anniversaire de la gendarmerie nationale et celui de l’Alliance des États du Sahel (AES), ce qui pourrait avoir été voulu pour créer un impact moral sur les forces armées.
La situation sécuritaire se complique avec les multiples fronts : l’armée malienne doit faire face à la fois aux groupes jihadistes et aux mouvements rebelles du Nord, souvent désignés comme « terroristes » par les autorités. Cette stratégie a entraîné des pertes militaires, notamment à Tinzaouatène, exacerbant les tensions.
Mohamed Amara, analyste sécuritaire, avertit d’un « épuisement de l’outil de défense » qui profite aux groupes jihadistes. Alors que l’approche militaire prédomine, certains plaident pour un dialogue afin de trouver des solutions politiques à la crise. Les experts soulignent que la confusion entre les différents groupes armés pourrait compliquer les perspectives de négociation et de paix.
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